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Le petit guide des études de droit à distance en Licence et Master

Illustration actualité juridique

Le droit vous a toujours intéressé, pourtant que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, la vie vous a engagé ailleurs. Mais après plusieurs années, vous éprouvez le besoin de reprendre des études, d’acquérir un nouveau savoir ? Que ce soit pour votre épanouissement personnel ou bien pour vous ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles, cet article vous présente les clés pour réussir des études de droit à distance.

Comment peut-on, aujourd’hui, reprendre des études de droit à distance et réussir ? D’autant quand on doit payer un loyer, subvenir aux besoins du quotidien, s’occuper de sa famille à côté, cela peut paraître parfois insurmontable. Ce sont pourtant les questions auxquelles d’autres ont fait face et vous verrez dans cet article que, avec une bonne dose de motivation et d’envie, on peut réussir avec succès des études à distance à la fac de droit ! Vous devez d’abord savoir qu’il n’y a pas de recette magique et qu’au risque de paraître peu original, le premier des secrets est le travail. Si vous décidez de faire des études de droit à distance, comprenez bien qu’en plus de votre vie de tous les jours, vous devrez fournir le travail d’un étudiant classique, qui est présent aux cours, pose des questions aux professeurs et bénéficie de beaucoup plus de temps libre pour réviser. Pour obtenir le même diplôme que n’importe quel étudiant dit « présentiel », c’est à dire une licence de droit et pourquoi pas un master de droit, il va donc falloir redoubler d’efforts au quotidien.

Pas de panique ! Ce n’est pas non plus impossible, car vous avez en principe un avantage que les autres étudiants n’ont pas : votre maturité.

Vous êtes lancé dans la vie active, peut-être même depuis plusieurs années ? Vous bénéficiez donc d’une maturité et d’un recul que les étudiants sur place n’ont pas encore. Ce sont des armes non négligeables et c’est paradoxalement ce qui peut vous faire réussir, peut-être mieux que si vous n’aviez été que « simple étudiant », plus tôt dans votre vie.

Les sorties, les fêtes et autre distraction étudiante ne vous concernent pas (ou pas trop !). Vous échappez ainsi aux vices habituels du « système fac » qui participent au taux d’échec élevé des étudiants en première année de droit. De plus, il n’est pas impossible que votre travail touche d’une manière ou d’une autre à certaines problématiques juridiques.

Ainsi, vous aurez un outil quotidien pour voir l’application concrète des règles et principes que vous allez apprendre, à la différence de l’étudiant présentiel qui n’aura au mieux que stages et petits boulots à côté des études. Vous voyez, vous êtes en fait un(e) privilégié(e) !

Que votre travail soit concerné par le droit ou non, votre vie, elle, l’est forcément. Vous le verrez à l’occasion de vos études, le droit touche à tout et concerne tout le monde. Sujets de droit, nous sommes en permanence en train de conclure des contrats, se préoccuper de notre responsabilité ou de celle des autres, traiter avec l’administration ou défendre ses intérêts quotidiens.


D’abord, suis-je vraiment intéressé(e) ?

C’est la première des questions qu’il faut se poser. Ne faîtes pas l’erreur de vous lancer si vous sentez au fond de vous que vous n’êtes pas vraiment motivé(e) : vous y perdrez vos frais d’inscription et sûrement beaucoup d’énergie et de temps. Nous reviendrons sur la motivation plus loin. L’intérêt pour la matière est lui aussi essentiel. Oui mais, comment savoir si les études de droit vont vraiment vous plaire, sans en avoir jamais fait ?

Pour commencer, il est évident que les questions juridiques doivent susciter chez vous un intérêt naturel. Un employé commet un vol chez l’un des clients de l’entreprise pour laquelle il travaille pendant son service, qui sera responsable, l’employé ou la société employeur ? Cette faute est-elle détachable de son travail, doit-il endosser toute la responsabilité du vol ou uniquement les conséquences pénales ? C’est un exemple des problématiques juridiques auxquelles vous aurez à répondre. Il faut que, de manière générale, le droit vous interpelle.


Quel domaine du droit choisir

Vous serez, à l’occasion de vos études, forcément attiré(e) par certaines branches du droit plutôt que d’autres. Le droit fiscal peut vous passionner un peu moins que le droit pénal, ou peut-être préfèrerez-vous réfléchir sur les rapports entre le citoyen et l’administration, ou encore des États entre eux, à travers les relations internationales ? Les différents domaines du droit sont extrêmement variés et il est naturel d’avoir des préférences !

Sachez simplement qu’il existe traditionnellement deux grands domaines: le droit privé et le droit public. Le droit privé concerne le rapport d’un particulier à un autre (par exemple un problème de voisinage) alors que le droit public concerne l’ensemble des règles relatives aux administrations, à l’État, et à leurs relations avec les administrés (vous voulez contestez le refus d’un permis de construire ? C’est du droit public.). Pour plus de détails, voir les définitions du droit privé et du droit public sur notre dictionnaire.

La première année en droit s’attarde logiquement sur les bases à acquérir pour aborder sereinement ce qu’il est d’usage d’appeler les  « sciences juridiques » (ce qui rappelle que comme toute science, le droit à son vocabulaire propre qu’il faut acquérir). Il s’agira donc d’enseignements assez théoriques, mais fondamentaux (introduction au droit, droit constitutionnel). Ces enseignements vous permettront ensuite de comprendre des matières plus concrètes (droit pénal, droit des sociétés, …). La spécialisation n’intervient que plus tard, en troisième année, à travers des choix de matières différents.

Néanmoins, c’est véritablement à partir du Master 1 (bac+4, anciennement Maîtrise) que le choix commence: il faut se spécialiser dans l’un des grands domaines du droit (par exemple, le droit privé et les sciences criminelles).

Ne tentez pas de savoir si vous êtes plutôt droit privé ou droit public dès le début de la première année, puisque ce n’est qu’après avoir abordé les principales matières de ces deux dominantes que vous pourrez faire un choix en connaissance de cause. Il est très fréquent qu’un étudiant s’estimant plus privatiste (droit privé) en début de cursus finisse par se spécialiser en droit public en fin de licence, et vice versa.

L’important enfin, n’est pas tant de savoir si vous appréciez le droit que de savoir si la reprise d’études vous intéresse vraiment. En effet, il faut être convaincu d’être prêt à fournir les efforts nécessaires pour « remettre le cerveau en marche », après peut-être plusieurs années de coupure avec le monde scolaire. Sachez en plus que le droit exige une rigueur et une capacité de synthèse qui n’est pas acquise à tout le monde, même si rien n’est vraiment insurmontable pour personne. Il faudra donc s’armer de patience, être prêt à essuyer plusieurs échecs et, de manière générale, faire preuve d’une motivation sans faille. C’est ce dont nous allons parler maintenant !


La motivation et l’ambition, votre moteur au quotidien

C’est de loin la chose la plus importante, qui mérite donc qu’on s’y attarde plus longuement que le reste. Essayez de vous rappeler l’une de vos pires journées de travail de ces derniers mois. Vous rentrez enfin chez vous et, après avoir satisfait aux tâches ménagères habituelles, vous pouvez enfin vous reposer. Si vous reprenez des études, vous pouvez dire adieu à bon nombre de ces petites pauses pourtant bien méritées ! L’un des secrets des études à distance est la régularité du travail. C’est l’un des aspects les plus difficiles à respecter, à tenir sur le long terme…

Dans le cadre d’un travail à plein temps qui mobilise beaucoup d’énergie, la régularité des révisions est l’un des grand enjeux de la scolarité à distance, mais aussi la principale difficulté. Il ne faut pas hésiter à se préparer des objectifs, sous forme par exemple de calendrier d’acquisition de connaissances tout au long de l’année universitaire.

Il se peut aussi que vous doutiez régulièrement de vos capacités, principalement à l’occasion de la première année. Vous vous demandez si vous êtes de taille, peut-être même si vos proches ne vont pas se moquer si vous échouez, et d’autres pensées négatives qui vous parasite l’esprit au quotidien. Ce sentiment sera d’autant plus renforcé à la suite des premières mauvaises notes d’un partiel non validé.

Là encore, pas de panique ! Avant même de débuter, vous devez savoir que vous aurez forcément des déceptions et des échecs. Certains professeurs de faculté ont l’habitude de noter très durement, particulièrement en droit où ce n’est généralement vraiment pas l’école des fans. il ne faut, par exemple, par se décourager après avoir eu un 3/20 dans l’une de vos matières principales.
Au contraire, il faut remonter en selle et analyser vos faiblesses, c’est précisément là que vous ferez là différence entre l’un des nombreux étudiants en droit qui abandonnent à la première année, et un diplômé en droit qui a tenu bon dans les moments difficiles. Votre capacité à rebondir fera la différence.

Sachez de plus qu’en toute logique, vous serez seul et n’aurez que très peu de contact avec les autres étudiants et donc très peu de références sur lesquelles vous baser. Lorsque vous êtes noté 3, peut-être que les deux tiers de la session sont en fait noté 2 ?

Soyez ambitieux ! N’ayez pas peur de rêver, car ce sont les objectifs que vous vous fixerez qui apporteront la bonne impulsion. Pourquoi voulez-vous faire des études de droit ? Vous voulez peut-être vous reconvertir, changer de métier, ou vous ouvrir la voie à une meilleure évolution professionnelle dans votre branche ? N’ayez pas peur de viser des objectifs ambitieux tout en les gardant pour vous. Ce sera votre moteur au quotidien et vous étudierez de façon plus concernée et avec plus d’entrain.


Le droit, on m’a dit que ce n’est que du par cœur.

Il faut tordre le cou aux idées reçues. Le droit est une science et comme pour toute les autres, les sciences juridiques possèdent un vocabulaire, des principes et des théories. Il est évident qu’il faut maitriser certains fondamentaux sur le bout des doigts, pour autant il faut surtout comprendre ce que l’on lit.

Il est vrai que parfois, il y a certains principes ou explications qui doivent être complètement intégrés et donc relus plusieurs fois, mais quel est l’intérêt d’apprendre par cœur quelque chose si on ne sait pas comment l’appliquer ensuite au cas d’espèce ?

Le par cœur n’est donc pas la règle pour les études de droit. En revanche, il est vrai qu’il faudra à l’étudiant débutant une bonne dose de courage pour intégrer bon nombre de théories et principes qui paraîtront un peu obscures et incompréhensibles dans les premiers temps. Là encore, la motivation fera la différence sur le long terme. Mais ensuite, dès la deuxième année, cette complexité pourra parfois se transformer en satisfaction, quand vous sentirez que vous comprenez des raisonnements complexes et qu’en définitive, vous êtes en train de vous ouvrir à un nouveau savoir, peut-être même un nouveau métier ?


Voir loin pour réussir !

Une année scolaire se compose de deux semestres, chacun sanctionné par un examen de plusieurs matières. Ce sont les fameux « partiels », pour dire que ce ne sont qu’une partie de l’examen de l’année entière. Si vous n’êtes jamais allé en faculté, il y a certaines subtilités qu’il vous faudra comprendre très vite.

La compréhension du système des examens est capitale pour réussir vos études. Vous devez par exemple savoir qu’une matière notée 10 ou plus sera définitivement acquise et n’aura plus jamais à être repassée, même si vous ne validez pas le semestre et que vous redoublez. Sachez ensuite que certaines matières se compensent entres elles, si vous avez 11 à l’une et 9 à l’autre, il se peut que vous remportiez les deux d’un coup. Ces systèmes de compensation propres à chaque établissement ne seront pas détaillés ici puisqu’ils diffèrent d’une faculté à l’autre.

N’hésitez pas à demander à ce que l’on vous explique le système si le service d’enseignement à distance ne met pas de la documentation à ce sujet à votre disposition. Il se peut aussi que tout cela soit expliqué dans le règlement des examens de votre faculté de droit. N’oubliez pas, un homme (ou une femme) averti(e) en vaut deux ! Parfois, de vrais stratégies de compensation doivent être mises en place pour optimiser son temps, surtout quand on en a peu (sacrifier telle matière au profit de telle autre, etc…).

Sachez ensuite qu’il existe deux sessions. Lors de la première, vous passerez tous vos examens (très souvent en deux semestres, par exemple en janvier et juin) et vous recevrez une note pour chacun d’eux. En fonction de vos résultats, vous validerez un semestre, ou peut-être même l’année. Si vous ne validez rien, pas de panique, la deuxième session est faite pour ça (généralement en septembre).

Vous devez comprendre que la deuxième session, aussi appelée « le rattrapage », ne doit pas être perçue comme un signe d’échec mais bien au contraire comme une opportunité de valider ce que vous n’avez pas encore acquis. Entre un étudiant qui valide son année en première ou deuxième session, il n’y aura aucune différence une fois le diplôme acquis.

Votre situation d’étudiant(e) à distance et vos activités professionnelles font que vous devrez, peut-être, prendre en compte cette deuxième session car il est très difficile de valider l’intégralité de l’année dès la première session lorsque vous travaillez à plein temps à côté. Enfin, il existe bien souvent un système dit « AJAC » (ou « accès étape »), vous permettant de passer dans l’année supérieure quand bien-même vous n’auriez validé qu’un semestre de l’année en cours, à charge pour vous l’année qui suit de valider le semestre en retard, en plus de la nouvelle année. (Par exemple, être autorisé à s’inscrire en L2 après avoir été ajourné(e) sur le 2ème semestre de L1, mais avec seulement 2 matières à rattraper…)

En toute hypothèse, vous n’aurez pas toujours le temps de travailler l’intégralité du programme, il faudra peut-être parfois faire l’impasse sur telle ou telle matière. D’autres fois peut-être, vous ne pourrez pas prendre de congés pendant la période d’examens, vous empêchant ainsi de présenter les partiels et vous disqualifiant automatiquement pour la première session (ce que l’on appelle être « défaillant »).

Voir loin pour réussir, c’est ce que vous devez avoir en tête. Vous ne récolterez pas les fruits de vos efforts avant la fin de l’année scolaire, parfois même les sacrifices consentis n’auront pas permis de valider l’année et il faudra la refaire, avec les matières déjà validées en moins. Vous devez penser à tout cela pour ne pas être trop déçu(e) lors de vos premiers échecs, vous l’aurez compris, la motivation là aussi est déterminante.

Vous verrez, enfin, que la joie procurée par vos premières réussites sera à la hauteur des efforts consentis ! Faire des études de droit est incontestablement enrichissant et vous éprouverez, sans doute au bout d’un certain temps, une très grande satisfaction intellectuelle à acquérir de nouvelles connaissances, à comprendre des raisonnements de plus en plus complexes, bref, à « faire du droit« .

J’ai moi-même réalisé toutes mes études de droit à distance, et je sais « ce qu’il faut »  pour réussir, je l’ai expérimenté moi-même jusqu’au master. N’hésitez pas à partager cet article à vos connaissances et à laisser vos témoignages en commentaire. Si vous avez des questions, des doutes, sachez que j’y répondrai avec plaisir.

Pour finir, la liste de quelques diplômes de droit à distance

Les universités françaises proposent de plus en plus la possibilité de suivre le cursus classique de droit en e-learning, voici une petite liste non exhaustive :

  1. Le CAVEJ (Paris)

    Il s’agit de l’ensemble des facultés de droit parisiennes, regroupées au sein d’une structure d’enseignement à distance. Les cours sont suivis à distance, et les examens sont présentés sur place, au choix à Paris 1, Paris 2, Paris 5, ou encore Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Les diplômes sont délivrés par l’université concernée. Les diplômes actuellement proposés par le CAVEJ sont : La capacité en droit (l’équivalent du baccalauréat ou DAEU), les trois années de licence, le Master 1 (3 mentions : privé, public, affaires) et depuis récemment le Master 2 Droit des affaires, mention Juriste d’affaires.

  2. Université de Rouen

    Les 5 années de droit sont proposées au sein de la faculté de droit de Rouen, intégralement à distance. Les partiels sont à présenter sur place, deux fois dans l’année. Les étudiants à distance sont dispensés de TD. Les diplômes proposés actuellement sont les 3 années de licence, le Master 1 (Droit public ou Justice, Procès et Procédures), et enfin le Master 2 Droit Public, Services et Politiques Publics.

  3. Université de Lille 2

    Les trois années de licence sont proposées à distance à Lille, ainsi que l’année de Master 1 en droit public ou droit privé. Il n’y a pas de Master 2 actuellement proposé en EaD. Depuis peu de temps, un Diplôme d’Université Propriété Industrielle & Nouvelles Technologies est proposé, également à distance.

  4. Université de Grenoble

    Grenoble, l’une des premières facultés à s’être mise au e-learning, propose le cursus complet de la capacité au Master 2. Au programme : Capacité en droit (2 années), Licence en droit (3 années), Masters 1 (droit privé, droit des affaires, droit des collectivités territoriales, droit public des affaires, droit européen, droit international et droit des libertés) et enfin Master 2 : sécurité internationale et défense (SID). Deux Diplômes d’Université sont également proposés : DU Certificat d’études juridiques spécialisées et DU Certificat d’études juridiques (1ère, 2ème et 3ème années).

  5. Université de Toulouse

    La Faculté toulousaine mérite vraiment d’être citée puisqu’elle dispense un grand nombre de spécialités à distance dans le domaine du droit. De la capacité au Master 2, elle se distingue par plusieurs M2 spécialisés, par exemple immobilier, assurances, droit social, du patrimoine… elle propose enfin plusieurs DU. La liste n’est bien-sûr pas exhaustive, voyez par exemple aussi l’Université d’Aix-en-Provence, ou encore Strasbourg (qui dispense le Master 2 Droit de l’internet et des systèmes d’information). Enfin, il faut citer le Master (M2) de Droit international et européen des Droits Fondamentaux (MDIEDF) proposés par Nantes en partenariat avec l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), puisque ce diplôme a le mérite de s’adresser particulièrement à des étudiants internationaux du fait que les examens se déroulent entièrement à distance (le seul à notre connaissance, au niveau M2).

  6. les IEJ (CRFPA, ENM, concours police/gendarmerie, etc) Enfin, sachez qu’à partir du M1, l’IEJ de Paris 1 (que j’ai personnellement suivi) propose une formation prépa à distance qui permet notamment, en fonction de votre inscription, d’obtenir un DU « Etudes et pratiques judiciaires » tout en préparant votre concours.